Verviers sous eau…

Il n’y a pas de mots assez forts, il n’y a pas de phrases assez puissantes pour exprimer correctement notre ressenti face au drame que nos habitants et notre ville ont subi il y a maintenant trois semaines. Il n’y a que des émotions face à l’inexplicable : de l’incompréhension, de la tristesse, de la colère, de l’inquiétude mais aussi parfois de l’espoir et de la joie. Toutes ces émotions sont saines et naturelles dans de telles situations.
 
Nous avons tous un membre de notre famille, un ami, un collègue dont la vie a été bouleversée. Nous tenons à rendre hommage aux huit Verviétois qui ont perdu la vie durant cette nuit du 14 au 15 juillet. Nous adressons nos plus sincères pensées à leurs familles et nous souhaitons qu’ils trouvent la force de surmonter cette épreuve.
 
Nous sommes tout aussi touchés par les 5112 familles dont le logement a été inondés. Quand l’eau est redescendue dans son lit, c’est toute une vie, des souvenirs, des photos, des jeux d’enfants, des doudous, des objets sans valeurs mais auxquels on tient qui sont jetés sur la voirie. Notre cœur pleure quand on voit ces grues gigantesques les emmener pour toujours.
 
Nous sommes tristes de voir notre ville dévastée, ces maisons effondrées, ces rues soulevées, ces trottoirs éventrés, ces éclairages publics couchés, ces ponts historiques détruits, ces commerces vidés, ces restaurants et cafés sans vie aux terrasses emportées par les flots, ces plaines de jeux et places pleines de boue, ces deux écoles qui n’entendrons plus les rires des enfants avant longtemps, ces halls de sport abimés, ces quartiers désertés, sans lumière et ces quartiers où les habitants vivent comme ils le peuvent dans des conditions extrêmement difficiles.
 
À vous tous, sinistrés, touchés de près ou de loin par les inondations, nous tenons à vous assurer que nous ne vous laissons pas tomber. Vous êtes au cœur de notre travail quotidien. Le chemin sera long mais tous ensemble nous y arriverons. Ce que vous avez vécu, jamais personne n’aurait pu l’imaginer un jour et pourtant nous vous voyons tous les jours aller de l’avant, vous nous donnez à tous une belle leçon de courage.
 
Il est de notre devoir de tirer les enseignements de ces derniers jours, mais également de remercier tous ceux qui, par leur dévouement, leur générosité, leur abnégation, ont permis de redonner de l’espoir à toute une ville sinistrée.
 
Qui aurait cru, en ce matin du 15 juillet, lorsque la réalité dépassait ce que les plus pessimistes d’entre nous pouvaient imaginer, qu’un élan de solidarité jamais vu allait voir le jour? Qui de nous avait imaginer que de l’aide venue de partout allait arriver?
 
Jamais nous ne vous remercierons assez, vous bénévoles verviétois ou venus de toute la Belgique, de France, d’Allemagne, d’Autriche et même d’Italie! Vous avez voulu à tout prix aider. Jamais la Belgique n’aura autant mérité sa devise « L’union fait la force ». Quelle que soit la langue parlée au cours de ces dernières semaines, nous nous comprenions tous. Vous êtes chacun la petite poussière d’étoile qui un soir va à nouveau illuminer notre ciel. Jour après jour, vous continuez, souvent dans la discrétion, à accompagner tous ceux dont la vie a été dévastée. Merci à vous pour cette solidarité, nous n’en doutions pas, mais jamais nous n’imaginions qu’elle prendrait de telles proportions.
 
Nous pensons aussi à vous les pompiers. Vous dont l’engagement le plus profond est de secourir la population. C’est ce qui vous anime depuis l’enfance, c’est ce qui fait votre force et qui nous donne chaque jour l’envie de vous admirer. Malheureusement, nous savons que lors de ces journées et nuit du 14 et 15 juillet, vous avez reçu autant d’appels que vous n’en recevez d’habitudes sur une année. Il vous a donc été impossible de répondre à toutes ces situations où les citoyens étaient en danger. Nous avons vu à quel point cela vous hante et vous attriste. Nous voulons vous dire merci pour toutes les personnes que vous avez sauvées et que nous sommes à vos côtés pour vous aider à sortir fort de ce que vous avez vu et vécu.
 
Nous pensons aussi à vous, policiers, qui avez directement été présents sur le front. Vous avez assisté à l’innommable. Vous avez travaillé sans relâche afin d’assurer un maximum de sécurité à nos citoyens. Vous avez souffert quand il fallait expliquer à une famille qu’elle devait quitter son logement instable. Vous êtes restés calmes face à la colère de la population. Vous avez été remarquables et il est important de le souligner.
 
Nous pensons aussi à l’armée qui s’est déployée dans notre ville dès les premiers jours pour aider à vider les caves, puis pour transporter les colis alimentaires vers les zones sinistrées. À la DVI qui fait ce difficile travail de retrouver et rendre les défunts aux familles, nous vous avons vu souffrir face à l’ampleur de la catastrophe. À la protection civile qui a été sur le terrain très vite.
 
À vous, notre précieux personnel communal, nous tenons également à adresser nos remerciements. Vous étiez partout, au service de votre ville. La direction, les employés, les ouvriers et les agents du C.P.A.S. Tous, vous étiez là dès le premier jour dans nos rues à l’aide de la population. Les larmes ont coulé à de nombreuses reprises, vous avez travaillé dans des conditions plus que difficiles mais vous avez assuré vos tâches avec un courage que nous tenons à souligner.
 
À toutes les sociétés venues nous prêter main forte, à vous tous qui avez préféré donner de votre temps pendant vos congés, nous vous disons merci. Jour après jour, vous faites en sorte que notre ville se relève, vous travaillez sans relâche et abattez un travail incroyable. La fatigue se lit sur chaque visage et pourtant personne ne se plaint. Chacun est animé d’une seule et même volonté: celle de redonner des couleurs à notre ville qui est devenue bien grise. Vous y arrivez, soyez assuré de tout notre respect.
 
Le chemin sera encore long, nous le savons. Faites que celui-ci reste entouré de bienveillance et d’entraide. Verviers se relèvera, plus fort. Nous voulons y croire pour vous tous, Verviétois, et pour nous tous, élus, qui devront nous atteler à cette tâche. Une chose est certaine pour nous tous: nous pleurons notre ville mais nous l’aimons plus que tout.
 
Illustration: Les Humeurs d’Oli
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